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VIP221 – Cinquante années de logement abordable

By Bernard

Bonjour, chers amis québécois et autres,

Le Québec et le Canada souffrent d’une crise du logement à cause d’un taux de vacances minimal et du coût de construction inflationniste, ce qui diminue la possibilité d’obtenir un logement abordable. Je vais vous présenter un cas de logement abordable qui fête son cinquantième anniversaire ce premier mai.
En 1972, j’ai fait partie d’un groupe d’une douzaine de personnes qui ont acheté en copropriété indivise un immeuble de neuf logements à Sherbrooke. L’offre d’achat conditionnelle requérait la libération de six logements que les acquéreurs voulaient occuper pour eux-mêmes dès le premier mai et le prix fut fixé à $52,000.

Le financement fut fourni par la Fédération des Caisses d’économie du Québec pour une hypothèque de $45,000 et trois billets, émis par des caisses populaires locales, signés par tous les acheteurs, couvraient le solde, ainsi que mille dollars de plus pour couvrir les frais reliés à l’achat. Aucune aide gouvernementale n’accompagnait cette transaction.

Le premier mai 1972, il y a cinquante ans, nous avons aménagé chez nous. Un septième logement libéré fut occupé par un nouveau partenaire de bonne foi, sans rédiger un autre contrat, notarié ou non. Chaque mois, nous nous payons un loyer, pour couvrir les dépenses courantes, et une mise de fonds, pour rembourser les billets à court terme, de sorte que cela nous a rapidement donné un bon nom chez nos fournisseurs et nos créanciers.

Plusieurs mariages furent célébrés durant les mois suivants et la communauté fut cultivée par les activités communes, le repas mensuel en commun, la réfection de la plomberie sur du cuivre, la réparation des galeries, la peinture extérieure… Nous avions une salle de lavage au sous-sol et une chambre noire. Nous avons même enregistré notre nom : le Carrefour, volé l’année suivante par un immense centre d’achat de la ville. Après quelques mois, notre idée de base de créer une coopérative fut discutée et le processus engagé en répondant collectivement au questionnaire du Conseil de la Coopération. Finalement, la Coopérative d’habitation des Cantons de l’Est (CHCE) fut officialisée le 8 février 1975.

Rapidement, nous avons transféré la propriété de notre Carrefour à la CHCE au prix coûtant. La mise de fonds des associés fut transformée en parts sociales de la CHCE ou bien remise aux associés qui avaient quitté. La CHCE acheta bientôt trois autres maisons dans le voisinage, offrant de grands logements qu’occupèrent les nouveaux membres qui s’étaient joints aux fondateurs.

Aujourd’hui, la CHCE compte près de trois cent cinquante membres demeurant dans une soixantaine d’immeubles dans le centre de Sherbrooke. La Fédération régionale des coopératives d’habitation de l'Estrie (FCHE) regroupe plus de cinquante coopératives membres et près de deux mille logements. La Confédération québécoise des coopératives d’habitation (CQCH) regroupe huit fédérations régionales, treize cents coopératives, trente mille logements abordables et plus de soixante mille personnes bien logées. L’équité de ces immeubles dépasse le milliard de dollars canadiens et les organismes du mouvement possèdent toutes les expertises requises pour bien administrer ces entreprises et même, les développer, suivant le Manifeste adopté en 1977.

Pour revenir au Carrefour, les résidents d’aujourd’hui paient un loyer d’environ trente pour cent au-dessous du loyer comparable dans ce quartier. Avec les hausses prévues cette année, leur avantage comparatif va augmenter en juillet prochain et chaque année à venir. La CHCE a construit un nouvel ensemble de quarante-deux logements l’an dernier et vient d’acheter un nouvel immeuble, continuant son développement. La FCHE favorise la création de nouvelles coopératives avec le nouveau concept de coopératives de condos qui construisent de nouveaux logements. Notez que les gouvernements ne favorisent pas les coopératives d’habitation, mais les coopératives d’habitation favorisent le logement abordable depuis cinquante ans.

Je mets au défi n’importe quel groupe de refaire aujourd’hui ce que nous avons fait il y a cinquante ans. Je serai là pour les conseiller.

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