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VIP229 – Population, migration et avortements

By Bernard

Que ce soit en biologie, en médecine, en sociologie, en anthropologie ou en économie, les naissances forment la base de tout l’univers humain.

Babyboom
Commençons par démanteler cette notion de babyboom. Le cycle des naissances n’a rien eu à faire avec la fion de la Seconde Guerre mondiale. C’est la grande dépression qui a suivi la crise de 1929 qui avait fait baisser les naissances dans tout l’occident. Les naissances recommencèrent à augmenter vers 1935 jusqu’au maximum de 1960, comme elles avaient augmenté de 1900 jusqu’à un sommet vers 1920.

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Pourquoi ce babyboom? Il faut se rappeler que les naissances sont produites par les femmes en âge de procréer. Quant aux hommes, ils peuvent faire leur possible, mais leurs actions n’ont aucun résultat en naissance. De plus, au début du vingtième siècle, les femmes avaient leur premier enfant à l’âge de vingt-quatre ans en moyenne, en augmentant vers vingt-sept ans au cours du siècle, avec un nombre de bébés à la baisse, de sorte que l’on peut dire que les femmes ont enfanté en moyenne à l’âge de trente-cinq à trente ans au cours du siècle. En considérant le graphique des naissances québécoises, on constate que la hausse des naissances du début du siècle s’est répercutée de 1935 à 1960, créant ce babyboom qui est souvent considéré seulement après 1945, ce qui est une erreur.

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Le même phénomène s’est produit dans tous les pays occidentaux. Considérons les naissances étatsuniennes. Le graphique montre la même hausse des naissances au début du siècle et la baisse jusqu’à la grande dépression, le tout suivi par l’augmentation des naissances jusqu’à 1960, avec quelques incohérences, probablement dues à l’immigration. Notons qu’à cette période, l’avortement était limité par son interdiction virtuelle.

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En occident, depuis le sommet du babyboom, les naissances ont commencé leur tendance à la baisse, retrouvant un sommet relatif selon un cycle de trente ans en 1990 et en 2020. Sur le graphique des naissances canadiennes, on voit le babyboom et sa réplique en 1990. On voit aussi les minima des naissances vers 1935, 1972 et 1999, ainsi que la tendance très récente à la hausse.

Les grossesses au Canada
Voici la situation des grossesses au Canada.

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J’ai trouvé un fichier archivé chez Statistiques Canada qui présente les données pertinentes de 1974 à 2005. Le nombre des grossesses va de quatre cent mille à plus de cinq cent mille entre 1990 et 1995, les trente ans après le babyboom, avant de revenir au même quatre cent mille vers 1999 pour se stabiliser à ce niveau. Quant aux naissances vivantes, elles vont de trois cent cinquante mille à quatre cent mille avant de revenir au niveau de trois cent vingt-sept à trois cent quarante mille à la fin de la période, les autres étant des grossesses non menées à terme pour plusieurs raisons.

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Les grossesses non menées à terme sont de deux sortes: les avortements volontaires et les pertes fœtales, qui ont montré une tendance opposée durant cette période. En effet, le nombre des pertes fœtales a baissé énormément, passant de près de quarante mille à moins de neuf mille par année. Pendant ce temps, les avortements volontaires ont grimpé d’environ cinquante mille en 1974 à plus du double à partir de 1993 pour redescendre à moins de cent mille en 2005.

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À cause de la variation importante du nombre des grossesses durant cette période, le pourcentage peut davantage nous montrer les tendances les plus importantes, même opposées. En effet, le pourcentage des pertes fœtales a diminué à moins du quart, passant d’environ neuf pour cent à moins de deux pour cent des grossesses, profitant du progrès des services de maternité au Canada. Pendant ce temps, le pourcentage des avortements a augmenté, passant de douze pourcent des grossesses pour dépasser les vingt pour cent en 1993 et presque doubler vers 1997 avant de baisser un peu à la fin de la période, se maintenant toujours au niveau de plus de vingt pour cent des grossistes.

Au Québec
Voici les données équivalentes pour le Québec.

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Notez que les données de l’année 1991 ne sont pas disponibles. Cependant, on voit que les deux tendances présentent la même contradiction. En effet, le pourcentage des pertes fœtales a diminué énormément, passant de plus de dix pour cent à moins de deux pour cent des grossesses. Pendant ce temps, le pourcentage des avortements a augmenté de moins de cinq pourcent des grossesses pour plus que doubler dès 1979, redoubler vers 1992 pour atteindre presque trente pour cent à partir de 2000, avant de baisser un peu à la fin de la période. En 2005, pour plus de cent mille grossesses, il y eut plus de soixante-seize mille naissances, presque trente mille avortements et mille cinq cent soixante-quatre pertes fœtales.

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La situation québécoise plus récente est semblable. Le nombre des avortements a diminué pour presque tous les groupes d’âge depuis 2015, surtout chez les 20-29 ans. Selon la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), en 2021, 20803 femmes ont choisi de mettre fin à leur grossesse officiellement, soit huit mille quatre cent cinquante-huit de moins qu’en 2005, mais cette donnée est partielle, excluant les autres avortements non payés par la RAMQ.

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Les avortements ont toujours semblé une solution pour certaines femmes ayant certains problèmes. Étant un homme, c’est un domaine dont j’avoue mon ignorance. Il y a quelques décennies, on ne possédait pas de statistiques valables sur les avortements, ou, comme on dit, des arrêts volontaires de grossesse. Le graphique des taux d’avortements selon les groupes d’âge au Québec depuis 1976 est très révélateur. On y constate une augmentation chez les femmes des groupes de 35 à 44 ans, dont les taux sont encore les moins élevés et une diminution chez les femmes des groupes d’âge dont le taux est le plus élevé, soit les 15 à 34 ans.

Le maximum du nombre des avortements fut atteint entre 2011 et 2015 au Canada et avant 2007 au Québec. Selon la Régie de l’assurance maladie du Québec, 17285 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées au Québec en 2020. Il s’agit d’une baisse de douze pour cent par rapport à l’année précédente, probablement causée par les restrictions de contacts durant la pandémie.

L’aspect économique
Un des principaux problèmes économiques actuels est le manque de main d’œuvre. C’est vrai au Québec, au Canada et partout dans le monde, même en Chine. Évidemment, tout le monde sait que la main d’œuvre dépend des naissances vivantes antérieures. La fin du babyboom a donc causé un manque de main d’œuvre important, mais un autre phénomène s’est présenté en même temps. Si la fin du babyboom date de peu après 1970, les avortements volontaires ont augmenté à partir de cette période jusqu’à la fin du siècle, ce qui a prolongé la fin du babyboom de trente ans et l’a rendu irréversible.

Actuellement, au Québec comme au Canada, la natalité ne permet pas le renouvellement de la population. Il faudrait un taux de natalité d’environ 2.1 et on se maintient sous les 1.5 depuis des décennies. À terme, la population continuera à diminuer indéfiniment. Même l’immigration ne pourra pas changer cette tendance.
La solution est simple et unique: les femmes canadiennes et québécoises doivent prendre leurs responsabilités. Me lapider ne changera pas la situation!

L’aspect politique
La question de l’avortement est revenue sur la place publique au Canada à la suite d’une fuite étatsunienne. Au Canada, les gouvernements ont tous été trop peureux pour légiférer sur l’avortement; ils ont laissé ce sujet à la Cour suprême. Certains doivent se demander comment amener la Cour suprême à obliger les provinces à offrir l’accès à l’avortement gratuitement, partout et en toutes circonstances. L’exception est le parti libéral fédéral qui s’amuse à soulever ce sujet à chaque occasion pour taper sur le parti conservateur fédéral.

J’ai vécu aux Philippines où le divorce et l’avortement sont illégaux à cause de l’influence des églises, surtout la catholique, et on voit la multitude des enfants jouer partout. Le pays a quand même un problème de main d’œuvre: les Philippins doivent s’expatrier pour travailler et ils sont des travailleurs recherchés en dehors de leurs iles.

Je simplifie en disant que la pilule et l’avortement ont provoqué notre manque actuel de main d’œuvre, sachant que tous les féministes vont encore me crucifier!

20220905