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La crise de 2008 et l’épargne

By Bernard

Le monde qui nous entoure a souffert de la crise de 2008;  peut-être que les plus riches d’entre nous en ont-ils souffert aussi?  Et notre planète s’est retrouvée avec plus de 200 millions de nouveaux pauvres, et j’espère qu’aucun de nous ne s’est trouvé dans ce cas.

Je vous présente une perspective nouvelle sur cette crise.  L’ancienne, c’est l’influence de Bush jr qui m’a fait quitter le continent dès 2003.  Ses réductions d’impôt, sous prétexte de néoconomie, ont causé le marasme prévisible : voir l'économie des ÉUA bouchée.<

Cette nouvelle perspective, c’est celle de l’épargne des bébéboumeurs.

À quel âge épargne-t-on dans une vie?  Avant 20 ans, presqu’impossible.  Avant 40 ans, difficile à cause des coûts de la famille.  Quand les enfants ont quitté le nid familial, c’est le temps d’épargner pour ses vieux jours.  Ensuite, après 60 ans, on utilise cette épargne à la retraite.  Admettons que ce modèle simplifié soit valable.

La question maintenant est de savoir quand il y a eu le plus de bébéboumeurs en âge d’épargner.  Le maximum des naissances est arrivé en 1959-60 au Québec, au Canada, au Japon et dans le monde occidental.  Ajoutons 40 et 60 et nous obtenons un sommet de l’épargne entre l’an 2000 et 2020.  Disons que l’épargne mondiale aurait augmenté normalement jusqu’à aujourd’hui n’eut été de cette crise de 2008.  Elle augmente encore, mais si peu parce que les premiers bébéboumeurs, comme moi, ont commencé à dépenser leur épargne et les jeunes générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser nos départs, et nos retraits.

L’augmentation de l’épargne occidentale a été amplifiée par celle des pays d’Asie, dont celle des Chinois, dont le bébé-boum s’est arrêté 20 ans après le nôtre avec la politique d’un enfant par famille adoptée après la mort de Mao.

Ce phénomène de bulle financière est bien connu depuis Charles Ponzi: les nouvelles entrées d’argent financent des rendements artificiels.  C’est ce qui s’est produit à l’échelle planétaire à partir des années 1980, considérant que le bébé-boum a vraiment commencé à la fin de la grande dépression des années 1930.  Dans les années 1990, l’épargne mondiale était devenue aisée.  Avec le tournant du siècle, ce fut l’abondance financière qui amena ces débordements, surtout amplifiés par la néoconomie de Bush.

Et comme les Chinois, ainsi que les autres pays d’Extrême Orient, avaient appris leur leçon dès 1997, ils ont décidé d’accumuler l’épargne mondiale chez eux, s’en servant pour financer les déficits étatsuniens et européens.  Ils ont sauvé le monde!

Qu’arrivera-t-il dans dix ou quinze ans quand le même phénomène les touchera à leur tour?  En 2012, la Chine a vu sa main d’œuvre diminuer pour la première fois, avertissement préliminaire!  L’épargne chinoise augmente et augmentera encore, mais cette augmentation, et son effet Ponzi, s’arrêtera bientôt.  On découvrira alors les «subprimes» chinoises!

Qui viendra sauver la Chine?  Pas moi.  J’ai quitté la Chine pour revenir en Amérique et j’ai senti le début de la fin du miracle chinois.  Je l’ai écrit déjà jadis, avec la nouvelle perspective des Philippines.<

La crise de 2008 avait une cause naturelle, amplifiée par la néoconomie de Bush.  La prochaine crise aura aussi la même cause naturelle, décalée de 20 ans, amplifiée ou amoindrie par les politiques du gouvernement chinois.  Mais personne ne pourra aider les chinois à s’en sortir: ils ne doivent compter que sur eux-mêmes, ces habitants du centre du monde (signification de Zhongguo, nom chinois de leur pays).

20150602