






Selon le Regard historique des passeports du site du Gouvernement du Canada
L’histoire du passeport canadien se conjugue avec l’histoire du Canada, aussi bien à titre de colonie de la Grande-Bretagne qu’à titre de voisin des États-Unis.
Jusqu’en 1862, les Canadiens, en tant que sujets britanniques, peuvent aller aux États-Unis et en revenir librement, sans présenter de passeport. Par contre, tout Canadien doit obtenir un passeport britannique du ministère des Affaires étrangères de Londres pour se rendre en Europe. Les personnes qui ne sont pas sujets britanniques de naissance peuvent toujours se rendre aux États-Unis munis d’un certificat de naturalisation. Ces certificats sont d’ailleurs délvrés par les maires canadiens, notamment pour encourager le vote aux élections municipales.
Par ailleurs, au cours de la guerre de Sécession aux États-Unis, les autorités américaines exigent des attestations plus fiables de la part des résidants canadiens. En 1862, le vicomte Monck, Gouverneur général, met en œuvre un système centralisé de délivrance des passeports. Ainsi, pendant une cinquantaine d’années, le passeport canadien devient véritablement une « lettre de sollicitation » signée par le Gouverneur général.
Il est difficile de retracer l’histoire du passeport au cours des premières années de la Confédération parce qu’on n’en délivrait que très peu. Cependant, un examen des états financiers du Secrétaire d’État démontre qu’en 1878, les recettes provenant des passeports s’élèvent à 50 $. Comme on sait que les passeports se vendaient 1 $, on peut en conclure qu’on en a délivré 50 cette année-là. Les recettes annuelles des années suivantes varient entre 35 $ et 50 $.
À ses débuts, le passeport n’était qu’un certificat d’une page portant le sceau officiel. En 1915, le Canada adopte le format du passeport britannique, c’est-à-dire un dépliant à 10 sections composé d’une seule feuille et imprimé en anglais seulement.
Une série de conférences internationales sur les passeports (1920, 1926 et 1947) a mené à un certain nombre de changements au passeport canadien. En 1920, la conférence recommande que tous les pays adoptent un passeport sous forme de livret, ce que fit le Canada en 1921. Cette conférence recommande également que tous les passeports soient rédigés en deux langues au moins, l’une d’elles devant être le français, et c’est ainsi qu’en 1926, le premier passeport canadien bilingue voit le jour. De plus, la même conférence de 1920 recommande que les passeports soient valides pour au moins deux ans, de préférence cinq ans. Il est intéressant de noter que, depuis 1919, les passeports canadiens en temps de paix sont valides pour cinq ans, avec une prolongation possible de cinq ans.
En 1930, les règlements sur les passeports sont modifiés afin de tenir compte de l’importance accrue du Canada sur la scène internationale. Les voyageurs à l’étranger ayant besoin de services de passeport sont dirigés vers la légation canadienne la plus près plutôt que vers un bureau consulaire britannique.
Lorsque la guerre éclate, en 1939, le gouvernement des États-Unis annonce que les Canadiens auront besoin d’un passeport et d’un visa pour traverser leurs frontières. À cette époque, environ un demi-million de Canadiens se rendent aux États-Unis chaque année sans aucun document de voyage. La tension augmente aux postes frontaliers lorsque les douaniers américains commencent à fouiller les voyageurs canadiens. Un corbillard retenu à la frontière provoque un soulèvement; c’est le point culminant d’une série d’incidents qui incitent le Canada à délivrer des passeports spéciaux en temps de guerre pour les voyages aux États-Unis.
Jusqu’en 1947, deux sortes de passeports sont délivrés au Canada: un pour les sujets britanniques et l’autre pour les citoyens naturalisés. Au cours de cette même année, on adopte la Loi canadienne sur la citoyenneté, qui stipule que seuls les citoyens canadiens sont admissibles au passeport canadien. Le livret bleu aux pages roses, semblable au livret aux pages bleues des sujets britanniques, et que l’on utilise encore aujourd’hui, fait alors son apparition. À compter de juillet 1948, le gouvernement du Canada délivre des passeports aux citoyens canadiens seulement.
20151010