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Changchun, début de décembre 2005

By Bernard

Ma conférence sur la santé

30 novembre :  le restaurant où je voulais faire ma conférence m’annonce qu’il exige des frais minimum de 20y par personne :  un « cover charge » dans un restaurant vide à cette heure!

Premier décembre;  je vais voir deux autres cafés, mais les salles sont trop petites.  Je décide d’annuler la conférence!

Ma journée du 2 décembre 2005

Je vais vous raconter une journée typique de ma vie à Changchun, une journée remplie d’activités et d’émotions.

Ma routine matinale

Habituellement, je me réveillé vers 6 heure.  Avec l’automne, et le soleil qui se lève de plus en plus tard, je me réveille un peu plus tard.  Ce matin-là, je me suis réveillé et levé vers 6h45;  j’ai mangé une orange et j’ai écouté à la télévision chinoise en anglais, CCTV9 via satellite, la fin d’une série de sept documentaires sur la vie d’Edgar Snow, le journaliste américain qui a le premier parlé de la Chine rouge :  Red Star on China.  Snow est décédé quelques jours avant la venue de Nixon à Beijing, venue qu’il avait souhaitée et favorisée.

J’ai ensuite pris connaissance de mon courriel et lu quelques nouvelles via internet.  Peut-être ai-je chatté quelque peu, je ne m’en souviens pas, mais je le fais souvent, selon les disponibilités de mes correspondants;  moi, j’ai presque toujours du temps! .  J’ai ensuite déjeuné avec mes œufs, jambon et tomates.

J’ai ensuite pris ma douche et je me suis habillé;  ce matin-là, j’ai mis pour la première fois de l’année mes sous-vêtements longs.  Les Chinois les portent depuis septembre.

En route vers le centre-ville

Après le déjeuner, j’ai écrit quelques lettres par courriel et fait une recherche sur Internet, pour le plaisir!  Vers les dix heure, je me suis préparé pour aller en ville.  J’ai mis pour la première fois de l’année aussi mon grand pardessus noir, un grand manteau de gabardine apporté du Québec et très utile par ici avec la froidure et mes longues marches extérieures.

Pour aller en ville, je dois marcher une dizaine de minutes vers le terminus des autobus et prendre le numéro 160 qui m’amène vers le centre-ville en une heure, plus ou moins selon le trafic et ma destination précise.

Je me suis dirigé vers mon bureau pour y payer la prochaine partie de mon bail.  L’immeuble sera démoli en mars.  J’ai donc payé pour les trois prochains mois, un total de 1455Y incluant le chauffage et l’électricité;  en dollars canadiens, c’est un peu plus de $200.

J’ai ensuite pris un autre autobus pour aller rejoindre des amies associées à qui je voulais montrer comment faire des approches avec des personnes inconnues.  J’avais aussi l’idée de m’acheter un nouvel habit.  Après notre rencontre, nous avons marché dans la froidure vers le magasin ouuu j’achète mes habits.  C’est mon troisième achat du genre à Changchun.

Le magasinage

Je n’ai pas trouvé le bon magasin immédiatement.  Nous avons donc fait du lèche-vitrine à la chinoise dans un autre centre de boutiques du quartier.  L’immeuble est propriété de l’État.  Chaque marchand a un espace équivalent, moins de dix mètres carrés, ce qui est très peu même pour une boutique!  Les vêtements sont enveloppés dans des sacs de plastic, en pilles sur le plancher, en plus de ceux qui sont étalés sur les trois murs de la boutique.

La circulation et intense.  Ce centre de magasinage, comme tous les autres de la ville, est bondé.  Les affaires sont prospères.  Et je cherche la section de mes marchands favoris.  Il faut dire qu’en Chine,  les  marchands s’agglomèrent selon leur spécialité.  Tous les vendeurs d’habits pour homme sont ensemble;  ceux qui vendent la meilleure qualité sont à l’étage supérieur, tous voisins.

La première boutique n’avait pas ma grandeur.  La seconde, pas ma pointure dans la couleur que je voulais.  La troisième, pas la qualité de matériel.  Enfin, j’ai trouvé une boutique qui avait ce que je voulais.  La vendeuse a trouvé sous une pille d’habits dans leurs sacs habituels un habit à ma taille, de la couleur désirée, mais elle exigeait trop cher.  J’ai dit que je n’aimais pas le tissus, uniquement polyester.  Elle m’en a trouvé un en laine, mais j’ai dit que je ne voulais pas.  Il est inutile de discuter prix si le marchand veut profiter du fait que je suis un étranger.  Je n’aime pas perdre mon temps, ni discuter inutilement.  Nous sommes donc allé à une autre boutique.

Là, la vendeuse, avec un ton de domination, a tout de suite trouvé ce que je voulais.  Elle demandait moins cher en commençant.  J’ai donc essayé le veston et les pantalons (en passant, il n’y a pas de salle d’essayage) et j’ai trouvé que l’habit m’allait bien.  J’ai donc commencé à barguigner.  Elle demandait 480Y;  j’ai offert 250Y.  En passant, 250 est un mauvais chiffre en Chine;  c’est comme dire mange de la marde!  Elle a demandé 350, j’ai offert 280;  elle a dit 320;  j’ai dit 300Y, final.  Elle a dit OK.  J’ai donc payé 300Y pour mon habit, soit le même prix que pour  les deux précédents.

Le contact d’affaires

En passant, j’avais demandé les cartes d’affaires des deux derniers marchands, parce que mes jeunes amies ne semblaient pas comment faire pour les obtenir!  Je leur ai expliqué comment jaser pour avoir ces cartes et je leur ai montré de visu!

J’avais mon habit.  Je désirais aussi un léger gilet pour mettre sous mon veston les jours de grand froid.  J’ai fait le tour de l’étage, mais je n’ai pas trouvé ce que je cherchais.  Les Chinois portent surtout des gilets fermés au cou.  Je cherchais un gilet ouvert, avec fermeture éclair ou boutons.  Et de ton uni!  Je n’ai vu que quelques exemplaires de gilets à motifs et trop chers de toutes façons.

Comme j’avais terminé mon magasinage pour l’instant, nous sommes allé dans un bon café pour jaser.  Ce café vient juste de changer de nom;  c’était le Ming Tien Coffee Language auparavant, et j’y étais allé souvent avec mon ami Ehsan.  Aujourd’hui, il porte un nouveau nom dont je n’ai pas mémoire, mais qui signifie quelque chose comme bonne bouffe; il a aussi gardé les mêmes employés, le même menu et les mêmes prix.  Seul le nom à l’extérieur a changé.  La décoration de Noel est déjà omniprésente dans ce café de style occidental.  Ce jour-là, j’y suis allé avec mes deux amies associées Chinoises pour y parler d’affaires en sirotant, pour moi un thé, pour elles un café.

Une heure plus tard, je les ai amenées au Wallmart pour y terminer mon magasinage.  J’ai tout de suite trouvé le gilet cherché.  Ensuite, nous avons déambulé dans le magasin, cherchant quelqu’un à rencontrer.  Finalement,  j’ai contacté deux étudiantes et elles ont échangé leur numéro de téléphone cellulaire avec mes amies;  c’est la meilleure manière de communiquer en Chine.

À la caisse, une de mes amies Chinoises m’a fait remarqué qu’un jeune Chinois semblait désireux de communiquer avec moi;  après avoir payé la caissière, j’ai fait connaissance  avec lui et un de ses amis et nous avons échangé les informations d’usage.  Mon enseignement avait porté fruit.  Mes amies avaient fait d’elles-mêmes le premier pas.  Je les ai félicitées et nous sommes allé ensemble dans un restaurant chinois pour le souper, qu’ils appellent ici le dinner, à l’anglaise.

Le Paradise Fondue

Après notre repas, dans un restaurant chinois que je fréquente régulièrement, nous sommes allé pour la soirée dans un café bar restaurant de caractère occidental, le Paradise Fondue.  Le propriétaire, Sherman, est allé travailler pendant un an et demi en Suisse pour pouvoir se payer ce restaurant.  Son premier projet était de vendre la fondue suisse aux Chinois, ce qui n’a pas donné de bons résultats, sinon le nom du café.

Sur deux étages, avec des chaises et tables en bois massif très confortables, le restaurant est très accueillant physiquement, mais manque de chaleur par son personnel.  Le menu ne présente que des mets occidentaux, mais préparés à la chinoise.  Par exemple, la salade César est servie avec de la laitue Iceberg, d’autres légumes et des olives noires.

La bière chinoise en fût est à prix abordable (6Y le gros bock) et je l’aime beaucoup.  Les autres éléments du menu, incluant du vin importé, sont intéressants.  Je considère que c’est une des trois bonnes tables de cuisine occidentale à Changchun.

L’important dans ce restaurant, c’est l’atmosphère que les occidentaux y ont créé.  Tout le monde se parle d’une table à l’autre, et souvent, on déménage les tables.  Le vendredi, plusieurs professeurs occidentaux viennent y fêter le début de la fin de semaine.  Les tables sont mises bout à bout;  le bas du restaurant se remplit et l’atmosphère est très agréable.

Les surprises du Paradise

Ce vendredi, j’y arrivai, avec mes deux amies Chinoises, un peu tôt, peu après 18h, alors que les convives viennent souvent après 20h!  La place était à peu près vide.  Mes amies se sont installées sur la grande table pendant que je jasais avec les premiers arrivés avant de les rejoindre.

Lorsque la serveuse est venue prendre les commandes, mes amies ont appris que pour s’asseoir à cette table, il fallait commander pour un minimum de 30Y.  Quant elles m’ont dit cela, j’ai été surpris.  Je suis un client régulier et je l’apprenais après elles!  Nous sommes donc déménagés dans une autre section du restaurant en attendant nos autres amis.  J’ai commandé une bière pression que j’ai bue en jasant.

Lorsque nos autres amis sont arrivés, la serveuse nous a dit que dans cette section du restaurant, il fallait commander pour 20Y!  Nouvelle surprise!  Sans avertir personne, la direction du restaurant avait changé ses politiques.  Mes amis sont donc reparti pour une place qui ne discrimine pas, le McDo du coin!  Et je les ai rejoints pour un café.  D’ailleurs, le McDo remplit les cafés aussi souvent que vous le voulez  et il n’inquiète jamais un client, même si le client ne consomme pas!  Autre restaurant, autre politique.  Lequel a plus de succès?

Mes amies troublées

Sur l’entrefaite, j’ai reçu un message téléphonique de la part de deux amies Chinoises qui me cherchaient au Paradise.  Je leur ai dit de m’attendre.  J’ai donc pris congé de mon premier groupe d’amis pour aller les retrouver.

Ces amies sont en peine;  l’une a appris récemment que sa mère a un cancer incurable et cette malade est la tante de la seconde, une tante qui s’est beaucoup occupé d’elle dans sa tendre jeunesse.  Les deux sont en peine, mais la fille davantage en peine que la nièce.

J’ai jasé avec elles, tentant de leur remonter le moral.  La fille m’a dit en partant qu’elle allait mieux et la nièce souriait.

Un groupe de Français

Après leur départ, j’ai transféré mes pénates sur la grande table ouuu un groupe de Français jasaient, leur souper terminé.  Ils étaient une demie-douzaine, autant hommes que femmes.  Un travaille pour Alstom;  plusieurs étudient.  Ils m’ont invité à un petit party qu’ils organisent le dimanche suivant dans leur complexe résidentiel.

J’ajoute que je suis allé à ce party.  En fait, une activité de vente organisée par une des jeunes dames du groupe, d’origine arménienne.  C’est pour vendre des appartements dans un nouveau complexe de luxe.  J’ai profité de la piscine pour faire quelques longueurs et j’ai jasé avec les autres convives au cours de ce souper agréable.  J’ai rencontré deux russes qui étudient le chinois, de même qu’un africain du Niger, qui parle parfaitement le chinois;  il m’a donné son numéro de téléphone en chinois!

Je n’ai pas fait le tour du propriétaire ce soir-là parce qu’ils y sont allé à la noirceur.  Je reviendrai de jour pour faire la visite, seul avec l’arménienne, dont son mari, avec qui j’ai soupé, m’a dit qu’elle est très savante.

Le retour

J’ai quitté le Paradise un peu avant minuit, revenant chez moi en taxi en compagnie d’un Québécois qui demeure près de chez moi.  Vers minuit, j’étais de nouveau au chaud, à la maison.

Ainsi se terminait cette journée pleine d’activités et d’émotions, typique, mais n’aller pas croire que tous les jours sont comme ça.  Certains jours, je ne sorts pas de la maison, sinon pour des courses à pied dans mon quartier!  Ce 2 décembre a été particulièrement intéressant par le nombre de personnes que j’ai rencontrées et par les émotions que j’ai vécues, via la direction du Paradise autant qu’avec mes amies troublées.

Le tutorat

J’ai une semaine de tutorat.  Mon jeune se dirige vers l’Australie pour y terminer son cours secondaire.  Il pense partir dès janvier prochain.  Il est gros travailleur et il apprend rapidement.  En une semaine seulement, j’ai vu le progrès dans son anglais.  Il semble heureux de son apprentissage.

20120824