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Chine, fin de janvier 2008

By Bernard

Je voulais passer les mois de janvier et de février à la maison.  Plusieurs raisons militent en ce sens :
· Il fait plus chaud à l’intérieur de la maison qu’à l’extérieur :  plus 23 vs moins 23!
· Mes amis sont occupés à leurs examens ou à voyager, comme tous les Chinois durant les vacances d’hiver, ce qui occasionne des goulots d’étranglement dans les transports en commun.
· J’ai voyagé vers le sud fin décembre et j’y retournerai en mars pour y sentir le printemps avec Changchun.
· Changchun signifie :  chang = long et chun = printemps;  ça veut dire que le printemps est long à venir à Changchun!
· J’en profite pour inviter mes amis à venir chez moi :  ils souffrent du froid chez eux tandis que je me dorlote au chaud ici!

À la mi-janvier, pendant que vous viviez le radoub habituel, ici, on supportait le fret que vous nous avez shippé via le pôle nord, avec des maxima qui n’ont pas dépassé le moins 15 pendant plus d’une semaine.  Finalement, les températures se sont stabilisées vers le 20 janvier avec le premier quartier de la nouvelle lune, la dernière de l’année lunaire chinoise.

Le Festival du Printemps commence le 7 février en cette année de la souris;  ce sera alors le Jour de l’An chinois et le commencement de quinze jours de festivités qui se termineront par le Festival des Lanternes, le 21 février.  Congés pour la plupart et les transports en commun intermunicipaux et interrégionaux bondés, sans compter avec les dégâts causés par le verglas dans 6 provinces du sud, dont je vous parle plus loin, si vous n’en avez pas entendu parler via vos média québécois ou canadiens.

Le Festival du Printemps

C’est commencé.  Les fêtes ne débutent que dans une semaine, mais déjà on fait péter des pétards à toute heure du jour près de chez moi, dans mon développement résidentiel.

Je dois vous dire que c’est le premier développement dans cette partie de la ville et que les familles qui habitaient dans le coin y ont été logés lorsque est venu le temps de démolir leurs anciennes résidences.  J’habite donc avec des vrais Changchunais, des gens qui se connaissent de puis des générations.  Et j’aime ce tissu urbain chaleureux.

Mais je vais entendre des pétards, et des vrais, les Chinois ayant inventé la poudre il y a des siècles.  Ça va péter de 6h00 le matin jusqu’à minuit.  Et j’ai bien dit 6h00, pas 6h01!  Les hommes redeviennent des enfants!

Mon premier DVD

C’est pour cela que je me suis acheter un appareil pour jouer des DVD :  mon premier.  Il était temps.  Une énorme dépense de 199Y.  En passant, j’ai eu jusqu’à 7.55Y pour mon dollar canadien en octobre dernier.  Comparé avec les 5.92Y que j’ai reçus en 2003, je me fous de l’inflation chinoise qui a atteint 4.8% l’an dernier, dépassant les 6% ces derniers mois.  Mais la récession américaine devrait faire baisser cette augmentation des prix à un niveau normal d’ici quelques mois!

En repassant, si vous ne le savez pas encore, le Québec et le Canada sont en récession.  On vous le dira dans quelques mois, mais je vous l’annonce en primeur!  Ici, en Chine, c’est la croissance presque sans frein :  11.4% l’an dernier sur 4.8% d’inflation, une croissance réelle de 6.6%, la plus faible depuis des années parce que le gouvernement a serrés les freins au maximum, sans que cela ne paraisse trop!

Voilà, assez d’économie.  Passons à la plomberie!

Les pétrapes et sétrapes

Un détail sur la construction en Chine.  Il n’y a pas de pétrape, ni de sétrape. Ne cherchez pas dans le dictionnaire. Ces mots sont de l’argot de la construction.  Un pétrape est un tuyau en forme de « P », sous un renvoi d’eau.  Le sétrape a évidemment la forme d’un « S » pour la même fin.  À quoi ça sert?  De l’eau s’y accumule de sorte que les odeurs ne remontent pas dans le logement!

Comme ces petits détails sont inconnus ici, j’ai un petit problème quand je fait partir le ventilateur situé au-dessus de mon rond de cuisson pour pousser l’air des fritures vers l’extérieur :  l’air des tuyaux entre dans mon logement et ça ne sent pas bon.  Alors, j’ai oublié ce ventilateur!

Un autre détail, ils ne connaissent pas non plus les évents.  Pour votre information, l’évent sert à porter l’air des tuyaux en question vers l’extérieur, étant donné que l’air suit difficilement les tuyaux d’égout!  Nulle part, même sur les bâtiments dit de luxe et récents!  Ce dernier détail, ajouté aux précédents, accentue le problème déjà mentionné.

Quand je me construirai en Chine, j’aurai ces évents, pétrapes et sétrapes, et bien d’autres petits détails inconnus par les constructeurs chinois, mais standards dans nos belles maisons québécoises, canadiennes et américaines.

NENU (North East Normal University), en chinois Dongbei Shida

Je suis en discussion avec l’Université normale du Nord-Est, à Changchun.  Ils m’ont déjà préparé une procuration pour que je les représente auprès de l’Université York de Toronto.  Leur projet est une coopération dans le domaine du Design d’arts.  Je vous passe les détails, mais je vous assure que c’est un magnifique projet.

J’attends qu’ils délient leur bourse, parce que j’ai connu la coopération comme bénévole, au Québec, tant dans l’habitation, l’alimentation, l’épargne que l’éducation collégiale!   Aujourd’hui, le bénévolat est terminé pour moi, surtout vis-à-vis des institutions publiques.  Quand j’aurai la somme demandée, je vous dirai que j’arrive au Québec en mars, sinon ce sera en mai!

Voyage à Beijing

Je suis allé faire une petite tournée à Beijing, pour une raison essentiellement d’affaires.

J’ai rencontré un ami Chinois de longue date, George Zhao Limming, que j’ai connu au Québec quelques années avant de venir en Chine.  C’est d’ailleurs lui qui m’avais mis en contact avec le propriétaire de l’école qui m’a offert mon premier contrat pour m’ouvrir les portes de Changchun, en 2003.  George est membre d’une famille influente dans le gouvernement chinois.

Il est né en Mongolie intérieure, ses parents ayant été exilé là durant la Révolution culturelle.  Avec l’ouverture de la Chine en 1978, ils sont revenus dans des postes importants au Gouvernement, étant parmi les premiers dans la ville de Shenzhen, en face de Hong Kong, qui ouvrait la Chine au monde.  George a donc des amis haut placés et il fait de bonnes affaires!

J’ai aussi rencontré Linda Li Yan, dont je vous ai parlé auparavant, toujours pour cette même affaire, dans le domaine immobilier, dont je ne vous parlerai pas tant qu’elle ne sera pas conclue, à moins que je vous offre la possibilité de vous joindre à moi pour en profiter!  Qu’en pensez-vous?

La température à Beijing est assez différente de celle de Changchun.  Le jour, j’ai profité des zéros, plus ou moins un, pour me promener longuement et prendre un peu de cet air pollué!  C’est bon pour ma ligne, mais moins bons pour mes poumons!

La cohue dans le transport

Je vous ai déjà dit que ce n’est pas le temps de voyager en Chine, après le 15 janvier.  En voici une autre preuve.  Je voulais un billet de train pour retourner chez moi.  Généralement, à Beijing, c’est facile.  Par contre, durant la période d’achalandage des fêtes, ça devient très compliqué.

Premièrement, les billets ne sont disponibles que quatre jours à l’avance.  Pourquoi?  Je ne sais pas.  Mais j’imagine que c’est pour donner des chances égales pour tous, étant donné que ces billets ne sont disponibles qu’au point de départ.  Les Chinois qui doivent changer de train ne peuvent acheter leur billet de correspondance qu’au point de correspondance!  C’est le règlement!

Deuxièmement, tout le monde se précipite à l’heure dite, 19h le soir, pour se procurer les billets disponibles avant la pénurie, parce qu’il y a plus de voyageurs que de places, surtout les bonnes places, comme les couchettes ou les places assises dans les trains rapides.  Prendre un train lambin pour plusieurs heures avec un billet debout est une vraie torture;  je le sais, ça m’est arrivé quelques fois.

Donc, le 24 janvier, à l’heure dite, je me présente à la gare des trains pour acheter mon billet.  Horreur!  La file d’attente s’étend sur des centaines de mètres, zigzaguant sur la grande place de la gare, avec des dizaines de policiers et de soldats (j’en ai vu 20 en ligne après la fin des événements).  J’ai donc dû attendre de 18h16 à 19h46 à l’extérieur;  il devait faire environ moins cinq à cette heure-là.  La file avançait très lentement, un ou deux mètres au cinq minutes environ.

Tout à coup, ça s’est mis à avancer plus vite et encore lus vite...  J’ai vu, un coup arrivé au bout, qu’on venait d’ouvrir la salle de vente des billets, avec ses dizaines de guichets devant lesquels de nouvelles files, plus courtes, s’étaient formées.

Finalement, cette dernière attente, à l’intérieur, mais sans chauffage, n’a duré qu’une demie heure et je suis sorti à 20h46, content, avec mon billet de train pour Changchun, un billet dans le train rapide (200 km/h) du matin du 28 janvier.

Le retour vers Changchun

Je vous parle immédiatement de ce retour vers Changchun.  Dans le train rapide, en retard de 34 minutes à cause des problèmes amenés par la situation dans le sud du pays, j’ai pu admirer le paysage de la plaine du Nord-Est, le grenier de la Chine depuis un siècle ou deux.

Pas de neige au sol, sinon un centimètre sur les derniers cent Km avant d’arriver à Changchun.  Partout des fermiers qui commencent les travaux du printemps :  construction de clôtures le long de la voie ferrée, taille d’arbres fruitiers, ramassage des tiges de maïs ou de riz laissées sur les champs après la récolte à l’automne, conduite de troupeaux de vaches, de moutons ou chèvres dans les champs pour paître (manger quoi?) ou simplement pour faire de l’exercice!

J’ai pris plus de 200 photos!  Et c’est un paysage tout à fait différent de celui des province du Hunan et de Guizhou, où je suis passé récemment et qui souffrent actuellement du verglas (voir les paragraphes suivants).  Ici, c’est la plaine, avec quelques valons, à perte de vue.  Là-bas, des montagnes et des montagnes, qui vous coupent la vue, mais qui coupent aussi le souffle, tellement c’est beau!

Le verglas

La Chine vient de connaître, vers le 20 janvier, une tempête de verglas qui a touché plus de six provinces, retardé les trains pour plus d’un million de personnes pendant plusieurs jours!  J’ai vu des reportages télévisés, aux nouvelles seulement, pas d’émissions spéciales comme au Québec en 1998;  on y montrait des pylônes écrasés, des fils électriques au sol, des arbres écrabouillés, des routes glacées, des ouvriers en train de déglacer les infrastructures électriques, d’autres Chinois que déblaient les routes nationales avec de petites pelles de 20 cm de largeur ou qui épandent du sel de déglaçage de la même façon, des morceaux de glaces de cinq centimètres d’épaisseur… mettez-en encore!

Le pire, c’est que cette région est réputée chaude :  on y bâtit les maisons sans système de chauffage.  Un responsable d’une centrale thermique de production d’électricité a dit qu’il ne lui restait du charbon que pour cinq jours d’opérations :  tout le monde se chauffe à l’électricité dans les cas d’urgence, utilisant des petites chaufferettes peu économiques en rendement, surtout celles qui servent de climatiseur durant l’été!  Et le transport, tant par train que par camion, est ralenti, sinon arrêté, par le verglas.  Quel désastre!

Quand je suis parti de Beijing, plusieurs train en direction sud était encore retardés ou contremandés.  Et on y annonçait d’autre neige.  Ils en ont pour des mois avant de s’en remettre.  Surtout, n’oubliez pas que c’est le temps des fêtes ici. Au Québec, le verglas a commencé après les fêtes!

De retour chez moi, je reçois une dépêche de AFP qui parle de 500,000 personnes qui attendent à Guangzhou, anciennement Canton, dans le sud de la Chine, pour venir vers Beijing et le nord!  La verglas en Chine en 2008, dix ans et dix jours après le Québec!

Une autre nouvelle prise sur CBC (Radio Canada anglais) parle de 50 décès dûs à cette tempête qui n’est pas encore terminée.   Le premier ministre Wen Jiabao a présenté des excuses publiques et le président Hu Jintao a convoqué une réunion spéciale des leaders nationaux du Parti communiste pour parer à cet état d’urgence.

Le 17ème Congrès du Parti communiste

Parlant du Parti communiste chinois, j’ai lu le rapport du Secrétaire général, Hu, au 17ème congrès tenu en octobre dernier.  C’est très intéressant!  J’aimerais que nos premiers ministres, ou les représentants de notre gracieuse majesté, présentent des rapports de ce genre, plutôt que les platitudes qu’on entend régulièrement lors des inaugurations parlementaires.  Je suis fier de mon président!

J’ai entre autre noté deux éléments dans ce rapport :  le désir de développer la créativité en Chine et l’objectif de quadrupler le niveau de la production nationale de 2000 à 2020, soit un taux composé de 7% de croissance par année, qu’ils ont maintenu jusqu’à date.  Pour comparer, la croissance de l’économie québécoise dans les années d’après-guerre a été de 5.5% par année.

Fondamentalement, j’aime des appels du genre :  « Camarades!  Conduire le peuple chinois à bâtir une vie heureuse et à réaliser le formidable renouveau de la nation chinoise, telle est la tâche historique que notre Parti assume avec courage depuis sa fondation. »  Et je pourrait citer tout le paragraphe qui suit, me limitant aux dernières lignes : « …la réalisation des trois tâches historiques suivantes : faire progresser la modernisation du pays, réaliser la réunification de la patrie, contribuer à la sauvegarde de la paix mondiale et au développement commun ».

Qui dit mieux?  Surtout que c’est ce qu’ils font!

20080130